Canicule réchauffement climatique

Canicule réchauffement climatique

 Le réchauffement climatique va-t-il changer la mode ?

Canicule réchauffement climatique. Cette année, la France est frappée par une forte période de chaleur. Est-ce que vous aussi, vous êtes touché par cette canicule ?

  • Le climat se dérègle et le thermomètre grimpe à travers le monde.
  • Une évolution qui rend de plus en plus insupportable le port de certaines tenues, peu adaptées à ces températures.
  • Mais attention, car dans la mode, le confort n’est pas le seul critère qui rentre en jeu.

 

Canicule réchauffement climatique. Nous sommes à peine à la mi-juillet et cet été 2022 a déjà connu deux canicules en France, avec des températures supérieures à 40 °C durant plusieurs jours. Au-delà de ces pics, le thermomètre monte en continu. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime que les sept années passées, de 2015 à 2021, sont les sept les plus chaudes jamais enregistrées. Et au vu de la première moitié de 2022, la série ne semble pas près de s’arrêter.

Des températures qui donnent envie de brûler – idée par ailleurs stupide – ses pantalons, ses chemises longues et autres vêtements bien trop chauds pour supporter la moindre sortie. Le réchauffement climatique va-t-il alors perturber notre façon de nous habiller, avec une mode s’adaptant aux nouvelles normes de la météo ?

La chaleur, un critère important mais pas prioritaire

Majdouline Sbai, enseignante-chercheuse à l’université de Lille et autrice d’Une mode éthique est-elle possible ? (Rue Echiquier, 2018), rappelle l’anecdote : en 2017, H & M fait scandale après avoir brûlé 12 tonnes de vêtements invendus lors de l’année écoulée. L’hiver doux aurait été responsable, selon la marque, du fait que ces habits n’ont pas trouvé preneurs. Preuve que la mode peut subir des échecs si elle ne répond pas aux attentes météorologiques.

Mais attention, « il y a plein d’autres critères que la température pour dessiner ou acheter un vêtement, analyse Marie-Pierre Julien, maîtresse de conférences en sociologie et anthropologie et spécialiste des tenues. Au Maroc, par 35 °C, les enfants ont les mêmes habits que ceux à Paris par 20 °C. Le vêtement a avant tout une fonction sociale. » Oui, mais la météo influe tout de même notre façon de nous habiller : « Il suffit de voir tous les gamins grondés par leur mère l’hiver lorsqu’ils ne sortent pas assez couverts », sourit la sociologue.

Vers une révolution ?

Pour Adrian Kammarti, spécialiste à l’Institut français de la mode et professeur en histoire de l’Art à l’université Paris I Sorbonne, « la dimension fonctionnelle n’est pas le seul facteur expliquant que l’on choisisse ou pas une pièce le matin. Mais il est effectivement probable que l’on perçoive une adaptation aux nouvelles configurations climatiques ». Un défi intéressant à ses yeux : se dirige-t-on vers des vêtements plus courts, avec la minijupe qui détrône la robe et des rayons shorts plus imposants que ceux des pantalons ? Ou bien vers des vêtements conçus dans des matières plus légères : exit les jeans, bonjour la soie ? Ou encore vers une nouvelle matière révolutionnaire : les chemises du futur seront en poudre de nuage, pour une fraîcheur quoi qu’il arrive ?

Majdouline Sbai nous renseigne : actuellement, la majorité des vêtements sont composés de polyester, matière peu performante face aux changements de températures. « Du chanvre ou du lin, des produits bien plus respirants, pourraient être favorisés ».

A la recherche du confort

Révolution de la forme ou révolution technique, l’évolution des vêtements vendus en fonction du temps qu’il fait suivrait une tendance de fond, selon Adrian Kammarti : la recherche du confort : « En 2022, la femme n’a plus à porter de crinoline, et l’homme de costume trois-pièces contraignant. On peut donc supposer que le changement climatique va vers une reformulation des formes vestimentaires compatible avec un allégement toujours plus important de la garde-robe. »

De là à voir les sandales devenir les Stan Smith des années 2050 ? Certes, les tenues deviennent plus confortables au fil du temps, ce qui n’empêche pas de ressentir une petite gêne en sortant sort le dimanche matin en legging pour acheter des croissants. « La mode fait du confort-washing : il y a l’impression du confort, mais en réalité, c’est loin d’être la priorité. Le poids des normes sociales sera toujours nettement plus important », poursuit Marie-Pierre Julien.

Même sens de la nuance chez Majdouline Sbai : « Les tenues sont tellement normées qu’on va plutôt adapter notre environnement pour rechercher le confort. Par exemple l’été, rester en costume mais travailler dans des endroits climatisés. Idem l’hiver, où certains préfèrent le chauffage à un pull. »

Quel avenir pour les vêtements ?

Pantalons et chemises longues pourraient donc bien faire de la résistance. Majdouline Sbai : « Des pays avec des températures très élevées, il y en a déjà, et les hommes n’y portent pas de bermudas. » Mais attention, car shorts et chemisettes sont à l’affût pour prendre le pouvoir. En tout cas la plupart du temps. « Tout comme les chaussures de ville pour homme, qui ont progressivement évolué vers un usage plus formel face à l’avènement des sneakers et des avantages fonctionnels et stylistiques qu’elles présentaient, nous pouvons faire l’hypothèse que le pantalon ou la chemise longue se cantonneront à un contexte professionnel ou d’un certain standing », analyse Adrian Kammarti.

Majdouline Sbai enchaîne sur une possible prise de conscience écologique : « Cette adaptation de notre environnement pour le confort est très coûteuse en énergie, que ce soit avec la climatisation l’été ou le chauffage l’hiver. Il est possible qu’on change de logique, et qu’on décide de se vêtir selon la température. »

 

Bonne journée,

Les jum’s

 

Article de Jean-Luc Delmas

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